Il y a maintenant presque deux ans, j’eu la surprise d’entendre le bruit d’un ruissellement caractéristique de l’utilisation des toilettes alors que j’étais seule à la maison.
Craignant qu’une fuite ne soit à l’origine du phénomène je me rendis sur place pour constater que ma chatte abyssine, en équilibre sur la lunette urinait directement dans le bol de faïence.
Je restais saisie d’étonnement et d’admiration face à son sens de l’innovation après plus de six ans de vie commune ! Séduite à l’idée d’en finir enfin avec les inconvénients d’un bac à litière et afin d’encourager cette lubie soudaine, je décidais de me renseigner.
Ma féline m’étonne parfois mais de là à la tenir pour unique en son genre, non.
Les précédents existaient, j’en étais convaincue.
Ma recherche pouvait commencer.
Sur internet, la seule allusion trouvée dans les pages francophones, le fût sur un forum de radins assumés où quelqu’un évoquait d’un ton rêveur les conséquentes économies de litières subséquentes d’un tel dressage.
J’étais déçue, une vague méthode, pas de témoignage convaincant, juste des suppositions. Heureusement, les pages anglophones furent beaucoup plus riches d’enseignement :
Le premier site sur lequel je tombais en rentrant les mots clés « toilet training cat » dans Google relatait de façon très documentée la démarche de Karawynn Long :
Après avoir constaté l’existence de plusieurs livres sur le sujet, How to toilet train your cat et The education of Mango, celle-ci s’était lancée dans l’aventure avec succès, mais non sans déboires…
Le premier site sur lequel je tombais en rentrant les mots clés « toilet training cat » dans Google relatait de façon très documentée la démarche de Karawynn Long :
Après avoir constaté l’existence de plusieurs livres sur le sujet, How to toilet train your cat et The education of Mango, celle-ci s’était lancée dans l’aventure avec succès, mais non sans déboires…
Il semblait donc que la chose était abordable au commun des félins, mais requérait une certaine dose de patience et beaucoup de persévérance.
Le principe est simple, placer le bac à litière dans le local des toilettes s’il n’y est pas déjà, et le surélever petit à petit au fil des jours à l’aide de piles diverses jusqu’à l’amener au niveau de la lunette.
Jusqu’ici en général tout se passe très bien.
L’étape suivante consiste à mettre la main sur un récipient pouvant être glissé dans le bol des toilettes et sur lequel viendra se rabattre la lunette.
Il reste à le remplir alors d’un peu de litière et progressivement encore, diminuer la quantité de celle-ci sur un laps de temps (indéterminé scientifiquement mais pouvant aller de quelques jours à plusieurs années), pour finalement la remplacer par de l’eau (ou par un trou) afin que le chat, fuyant le contact de celle-ci, se positionne correctement sur la lunette.
On finit alors par ôter complètement le récipient et le chat est éduqué.
Si j’en crois la petite dizaine de sites traitant du sujet, l’étape qui consiste à placer le dispositif dans les toilettes est particulièrement sensible et provoque en général les premiers signes de mécontentement chez votre animal.
La rébellion s’organise et plusieurs personnes témoignent des endroits divers et variés choisis par leur élève pour :
- Soulager ses intestins ou vessie distendus à force de rétention
- Montrer à travers le site choisi pour cette libération à quel point il est contrarié (lit, chaussures, baignoire, canapé, sol, armoire à linge ,etc.)
Ici, autant vous le dire, on assiste généralement à un taux d’abandon (de la tentative, pas de l’animal) qui frise les 50 %
Ceux qui décident de persévérer peuvent alors trouver le soutien indispensable à leur courageuse démarche en adhérant à une liste de diffusion gratuite, le Cat’s Toilet Training Group qui réunit heureux propriétaires de phénomènes de salle de bain et malheureuses victimes du terrorisme fécal.
Les discussions sont animées, et les solutions les plus extrêmes sont parfois envisagées.
Ainsi l’utilisation de laxatif ou encore le cloisonnement en boîte de transport pour la nuit afin de procéder le matin venu à l’évacuation sous contrôle de leurs matous n’effrayent pas nos candidats.
On y trouve une multitude de variantes de la méthode proposée plus haut, avec ou sans eau, avec ou sans toilettes, avec ou sans trou, avec ou sans saladier, bouée, bain de fesses et autres ustensiles généralement réservés à un usage culinaire ou médical.
On y découvre également une galerie photo des lauréats en pleine action, la distinction étant bien faite entre petite (#1) et grosse (#2) commission, #2 étant plus significatif d’une progression assurée vers un succès final.
Preuve ultime de la réussite suprême et moteur des motivations les plus folles, un lien est donné vers le site de Shawna, étudiante en médecine vétérinaire, sur lequel des vidéos montrent deux chats qui tirent la chasse à tour de rôle après avoir fini leurs petites affaires.
On met cependant en garde contre ce dressage, qui peut conduire à une facture d’eau impressionnante, certains chats y trouvant là une occupation ludique pour meubler leurs longues journées.
Cette volonté de supprimer de son quotidien la corvée de la litière a inspiré les industriels et le produit phare actuellement commercialisé dans ce but se nomme Feline Evolution Cat Seat.
S’ il n’est pas distribué en France, son fabricant semble en assurer la livraison à l’international.
Vous équiper de ce bijou hi-tech vous coûtera tout de même la bagatelle de 110$
Historiquement, le document le plus ancien que j’ai trouvé traitant du sujet n’est pas un papyrus égyptien vieux de 2000 ans, mais presque :
En 1972, Charles Mingus, célèbre figure du Jazz, décrivit la méthode à l’aide de laquelle il avait dressé son chat Nightlife en trois ou quatre semaines, à utiliser les toilettes.
Forte de cette documentation, et à l’occasion d’un nouvel emménagement, je supprimais définitivement le bac à litière de Wally.
Les premiers jours, afin que le changement ne soit pas trop brutal, je glissais un vieux moule à tarte antiadhésif garni d’un peu de llitière, sous la lunette et montrait l’installation à ma minette.
Elle ne fit pas la difficile et s’adapta sans sourciller à cette nouvelle situation.
Elle n’a jamais aimé gratter son bac, et détestait par dessus tout être en contact avec le contenu de celui-ci fût-il d’une propreté irréprochable.
Je choisis le week-end suivant pour supprimer le dispositif, afin de pouvoir intervenir en cas de souci.
Encore une fois elle fit preuve d’un grand sens de l’adaptation et mis à part un désarroi passager le samedi, qui se solda par une crotte dans le bac à douche, tout se passa très bien et depuis ce fameux week-end, il n’y a plus de litière à la maison.
La conclusion personnelle que je tire de cette expérience et de la documentation que j’ai pu glaner sur le sujet, c’est que s’il semble très facile de favoriser l’inclinaison personnelle d’un individu vers cette utilisation des sanitaires, il sera en revanche, extrêmement difficile d’en détourner un autre du bac à litière, lorsqu’il est pleinement satisfait de l’usage qu’il en a.